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Guerre Israël-Hamas : « Les dividendes de la paix en miroir des coûts de la guerre sont immenses »

La percée de l’extrême droite côté israélien et la fin de l’ère de Mahmoud Abbas côté palestinien étaient annonciatrices de périls politiques, sécuritaires et économiques. Des décennies d’efforts, avec des accords signés, des milliards de dollars d’aide, des cohortes de diplomates, des centaines d’études, n’ont pas permis de régler la question palestinienne. Un demi-siècle d’occupation a contribué à façonner un désastre humanitaire, et les quinze dernières années n’ont fait que précipiter un cataclysme prévisible.
L’Union européenne a versé des milliards d’euros pour soutenir le développement de la Palestine, sans résultat. Le Hamas est devenu plus fort en semant la discorde et la misère. Il s’est nourri de la pauvreté des habitants de l’enclave, abandonnés au profit de l’extrémisme religieux et de la guerre. Israël a laissé faire. La rage qui grondait pourtant à Gaza depuis des années et le désespoir de sa population n’ont pas suffi à alerter.
L’isolement politique et géographique de Gaza a ruiné les perspectives de développement. Le blocus terrestre, aérien et maritime, imposé par Israël depuis 2007, et la destruction d’avoirs productifs lors des épisodes consécutifs de violence ont entraîné l’effondrement de l’économie gazaouie, qui s’est trouvée limitée au commerce, à l’agriculture et aux trafics.
La destruction de l’aéroport par Israël et le refus de construire un port ont achevé d’exclure Gaza du commerce mondial. Dépendante des aides internationales et des transferts de la diaspora, la population souffrait déjà de pénuries altérant le fonctionnement de l’économie. En juin 2023, le taux de chômage à Gaza s’élevait à 46,4 %, contre 34,8 % en 2006.
La croissance démographique a exacerbé la crise humanitaire. La densité de population, conjuguée au blocus, a fait de l’enclave une prison à ciel ouvert. Aujourd’hui, Gaza est un champ de ruines. Après plus de deux mois de guerre, la situation demeure critique avec une aide largement insuffisante pour couvrir les besoins de la population. Les risques en matière de santé et la détérioration des conditions humanitaires, couplés à l’impossibilité d’acheminer une aide suffisante, font craindre le pire.
Le manque à gagner d’une économie palestinienne asphyxiée, conjugué à la politique sécuritaire israélienne et, désormais, à la guerre à Gaza, revient cher. Pour Israël, les coûts s’élèveront à au moins 1,5 % du produit intérieur brut, avec le rappel de 360 000 réservistes (environ 10 % de la population active) qui ont quitté temporairement leur emploi. La guerre et la mobilisation ont déjà engendré un déclin de la demande et de l’offre, exacerbé par la forte diminution de la main-d’œuvre « importée », constituée de plus de 200 000 travailleurs palestiniens plus en mesure de se rendre sur le territoire israélien.
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